Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la hausse des prix de l’énergie et des matières premières inquiète de nombreux industriels français. Ceux-ci craignent non seulement de se voir freiner dans leur élan de transition écologique, mais ils espèrent également la mise en place d’un plan de relance pertinent par les autorités gouvernementales.
Des ruptures de stock presque inévitables
Les constructeurs automobiles, aéronautiques et spatiaux utilisent plusieurs métaux (nickel, titane, acier, aluminium, etc.) pour fabriquer leurs appareils et œuvrer, par la même occasion, pour une meilleure transition écologique. Les prix de ces matières premières connaissent cependant une hausse considérable sur le marché de Londres, notamment en raison de la crise russo-ukrainienne qui fait l’actualité depuis quelques semaines.
Cette flambée sans précédent se justifie par les diverses sanctions appliquées par l’Occident au pays assaillant, la Russie. Conséquence, des inquiétudes dans le rang des industriels français qui craignent des ruptures de stock ainsi que le retardement des actions liées aux grands enjeux environnementaux.
Lors du grand oral qu’a fait passer l’Union des Industries et Métiers de la Métallurgie (UIMM) aux candidats à la présidentielle, Éric Trappier, responsable du groupe Dassault Aviation, explique que « le cours du nickel explose alors que les constructeurs se sont lancés dans la transition vers l’électrique et ont besoin de ce métal stratégique pour les batteries des voitures. ».
Présent à la manifestation, Bruno Russo, PDG de la PME Esaris, fabricant de composants aéronautiques, craint un épuisement des matières premières en réserve : « Avant que le tuyau ne se vide complètement, il va se passer quelques semaines, mais on risque des ruptures de stock entre juin et septembre ».
Le patron d’un groupe constructeur de bus ajoutera que « la guerre va retarder la transition énergétique », faute des métaux stratégiques servant à la fabrication des batteries des véhicules électriques. Cet avis est entièrement partagé par l’équipe d’Open Energie, entreprise proposant des solutions fiables, écologiques et rentables permettant de passer le cap en matière d’énergie.
Une période transitoire compliquée malgré des mesures optimistes
La flambée des prix de l’énergie affecte 60 % de l’excédent brut d’exploitation des entreprises spécialisées dans la chimie, tandis que ce taux est estimé à 72 % pour les groupes sidérurgiques, utilisant principalement le gaz comme source énergétique. Ces données ont été calculées et révélées par Denis Ferrand, directeur général de l’institut Rexecode, devant un parterre de patrons membres de l’UIMM, tous inquiets de l’avenir de leur secteur.
Pour remédier à cette situation, plusieurs propositions ont été faites par les quatre candidats à la présidentielle présents lors du grand oral qu’a fait passer cette organisation patronale. Éric Zemmour, Marine Le Pen, Anne Hidalgo et Valérie Pécresse ont, dans un premier temps, confirmé à l’unanimité l’importance de l’industrie pour les prochaines décennies, avant de préconiser l’arrêt de la désindustrialisation.
Dans le même sens, l’Élysée a mis en place une cellule de crise dont la mission est de recenser les besoins énergétiques des entreprises françaises et le niveau de dépendance de celles-ci vis-à-vis de la Russie. Cette cartographie permettra d’élaborer un plan de résilience et de mettre en œuvre des aides ciblées.
Éric Trappier, président de l’UIMM et membre de la cellule de crise, rappelle tout de même que les hausses vertigineuses des prix de l’énergie vont « générer en plus un choc inflationniste fort, dans un contexte où l’inflation était déjà arrivée après la Covid ». Il ajoute qu’il va falloir « rebâtir des filières pour éviter de repasser par la dépendance russe. Simplement, il va y avoir une période transitoire compliquée. ».